Aucun opérateur français ne propose dans l’immédiat d’activer l’eSIM des iPhone XS et XR. Mais les nouveaux modèles d’Apple devraient malgré tout accélérer l’adoption de cette technologie qui représente une véritable avancée pour l’utilisateur.

La présence d’une eSIM parmi les deux supports pour cartes SIM des iPhones XS et XR a créé l’événement lors de la Keynote Apple du 12 septembre dernier. Mais surprise, seule une poignée d’opérateurs a été annoncée dans la liste des partenaires ( voir image ci-dessous). Et parmi eux, aucun français. Pas même Orange qui distribue déjà les Apple Watch Series 3 Series 4 4G, terminaux qui comportent déjà une eSIM, c’est-à-dire une carte SIM directement intégrée dans l’appareil. « Orange va bien prendre en charge l’eSIM dans les nouveaux iPhone. Pour le moment, il est encore trop tôt pour annoncer les offres associées, nous travaillons actuellement très activement avec Apple pour proposer cette fonctionnalité prochainement », nous a assuré un porte-parole de l’opérateur historique. En revanche, ses concurrents français SFR et Bouygues Telecom se montrent plus évasifs, même s’ils nous ont affirmé plancher sur le sujet et croire dans le potentiel de cette technologie.

Si Orange ne fait pas partie des premiers opérateurs à être servis en eSIM, il s’agit probablement d’une question de priorité commerciale de la part d’Apple, qui s’est focalisé sur une implantation aux Etats-Unis et en Inde pour le lancement.

Les utilisateurs européens qui pourront accéder au plus tôt à l’eSIM sont tous des clients de Deutsch Telekom ou de T-Mobile, la filiale de Deutsch Telekom également présente sur le sol américain. Mais il n’y a aucune raison pour que l’eSIM des iPhone ne devienne pas accessible dans les mois qui viennent en France. « La technologie est la même pour l’eSIM d’une smartwatch que pour un smartphone. Il n’y a pas d’obstacle supplémentaire pour l’opérateur, donc la liste des partenaires va forcément s’allonger dans les mois à venir », nous confirme Rémi de Fouchier, expert en solutions mobiles chez Gemalto.

Les opérateurs devraient tous passer à l’eSIM d’ici 5 ans

Les premiers smartphones dotés d’une carte eSIM ont été les Pixel 2 de Google, commercialisés l’année dernière. Un marché trop confidentiel pour inciter les opérateurs à rendre leur réseau compatible. L’arrivée des iPhone XS et XR change complètement la donne, ces modèles représentant un chiffre d’affaires, un volume et une cible haut de gamme à ne pas manquer.

A première vue, on pourrait se dire que c’est contraints et forcés que les opérateurs vont devoir s’y mettre. L’eSIM fait effectivement planer une menace sur leur pouvoir en dématérialisant le parcours client et en rendant plus facile le passage à la concurrence. Pas si simple. Car l’eSIM va aussi leur faire réaliser des économies de coût. Et comme les fabricants continuent d’avoir besoin des opérateurs, ils leur font miroiter de nouvelles perspectives afin qu’ils y trouvent aussi leur compte. « L’eSIM va permettre de connecter facilement de multiples objets avec le même numéro de téléphone et la même offre mobile. Smartphone, montre, tablette, voiture, appareil de santé, caméra de surveillance, etc. », souligne Rémi de Fouchier. Proposer des offres commerciales avantageuses gérant la connectivité de tous nos objets sur une seule facture sera la clef pour fidéliser les utilisateurs d’une nouvelle manière.

Pour que la transition se fasse en douceur, la présence d’une eSIM doublée d’une carte SIM à l’ancienne représente la solution idéale pour le consommateur. Car en attendant que tous les opérateurs rendent leur réseau compatible, nous allons nous retrouver dépendants des seuls partenaires des fabricants. Une situation qui devrait cependant rapidement évoluer. « D’ici cinq ans, il est probable que tous les opérateurs prendront en charge les eSIM », anticipe Rémi de Fouchier. Verra-t-on, grâce à cette technologie, émerger de nouveaux usages ?

L’idéal serait un double support eSIM

Signalons qu’il est déjà possible techniquement de multiplier les numéros à partir d’une seule carte SIM. Mais que rares sont les opérateurs à le proposer dans le monde. Car cela nécessite de s’équiper en plus d’une application dédiée, rendant le passage d’un numéro à un autre plus fastidieux. Bouygues Telecom a bien tenté l’expérience avec l’option B.duo de 2014 à 2016. Mais il a fini par fermer ce service qui n’a pas remporté le succès escompté. Aujourd’hui, l’Arcep encourage les opérateurs à proposer des numéros secondaires en autorisant officiellement cette pratique à partir d’une seule carte SIM dans son nouveau plan de numérotation. Aucun des opérateurs mobiles que nous avons contactés ne semble pourtant intéressé par ces nouvelles possibilités. L’idéal serait en effet d’avoir le support pour deux eSIM sur nos smartphones !

Il suffit de regarder ce qui se passe en Chine. Dans ce pays, le recours à la Dual SIM a développé la coexistence d’un numéro professionnel et d’un autre personnel sur le même appareil. Avec une eSIM par numéro de téléphone, on pourrait imaginer consacrer chacune à un opérateur différent et accéder ainsi à deux réseaux pour basculer sur celui qui offre la meilleure couverture mobile suivant l’endroit où l’on se trouve. Ou choisir le meilleur forfait voix chez l’un, et data chez l’autre. Et jongler avec les promotions de tous. Sans compter qu’il sera possible d’ouvrir un second forfait facilement à l’étranger juste le temps d’un voyage.

Bref, la promesse d’une souplesse inégalée pour l’utilisateur. Vivement que tous les fabricants et les opérateurs s’y mettent !

Source:

01net